Phil La Marmotte 

Conclusion :

 

 

Ch. a été pris en otage entre notre équipe qui ne voulait pas accepter un enfant supplémentaire et par conséquent l’inscrire dans un projet même à court terme car l’effectif du foyer était dépassé et  l’ASE qui elle maintenait sans que cela soit réellement volontaire de sa part Ch. au foyer.

 

Y avait il une rétention d’information  de leur part ?

Ce qui est sûr c’est que nous avons cédé les premiers pour le bien de l’enfant. N’est ce pas quelque part une violence institutionnelle ?

« Une violence institutionnelle est toute action commise dans ou par une institution, ou toute absence d’action, qui cause à l’enfant une souffrance physique ou psychologique inutile et/ou qui entrave son évolution ultérieure. »

En effet, celle-ci est commise dans l’institution ou par les différentes institutions.

Ici, je ne crois pas que la violence qui agit sur l’enfant soit réellement volontaire car chacun, je crois essaie d’accomplir sa tâche le mieux possible. Là pour le cas qui nous intéresse, je préciserai qu’il s’agit d’une « violence décisionnelle ».

Ch. ici est non participant aux décisions concernant son propre sort et sa vie quotidienne.

J. Kroczak parle pour les enfants en institution d’une « minorité opprimée ».

En effet, ne pas rendre Ch. acteur de sa vie ne serait ce qu’en l’informant sur l’impasse dans laquelle se trouve l’institution, me semble être la moindre des choses.

 

A notre retour de camp, nous avons informé Ch. de la difficulté que nous avions à en savoir plus sur son avenir au foyer. Nous lui avons proposé de l’inscrire à l’école, le temps que son départ devienne effectif, mais nous sommes restés clairs quant à la date de son départ.

Il nous a paru essentiel de lui dire que nous aussi nous étions frustrés de ne pas en savoir plus.

 

Ch. a été pris dans un enjeu de place. Si l’équipe avait de suite acceptée Ch. demain, le foyer aurait vu son effectif augmenter progressivement.

Tout le monde sait que pour accomplir notre travail de façon à peu prés satisfaisante, nous devons fonctionner avec un effectif réduit comme j’ai pu l’analyser ci-dessus, lorsque je parle des difficultés à un enfant de vivre en collectivité.

 

Depuis septembre 1999, où je suis en stage dans ce foyer, je pourrais citer six cas où l’urgence a été une urgence qui dure.

Nous avons mis en œuvre dans l’urgence toutes les mesures pour que le jeune se pose quelques jours, sans établir de projets, mis à part le projet d’un départ proche.

L’enfant se trouve pris dans une urgence et prêt à repartir, mais le temps au foyer s’allonge et rien n’est proposé.

L’enfant est ici, mais non inscrit dans un réel projet et reste dans cette optique de l’urgence et d’un court passage parmi nous.

Le « SAS » dans lequel se trouve tout enfant à son arrivée est un temps indispensable pour qu’il puisse se poser.

Même si le départ peut être imminent, ou pour ceux pour qui on sait qu’ils vont rester, ce temps « SAS » est  indispensable. Il permet d’observer pour observer en tant qu’éducateur, mais aussi  pour l’enfant qui se retrouve avec lui-même et qui tente de  donner un sens à ce qui lui arrive.

La difficulté est que dans les urgences qui s’éternisent, on ne peut maintenir un enfant dans un état d’attente, un état intermédiaire angoissant ou un doute, sinon le but de nos actions est caduc.