Phil La Marmotte 

 d

B/ L’urgence d’un moment

 

1/ L’urgence peut augmenter des carences !

 

Je vais relater le cas d’un petit garçon M. 5 ans et demi, arrivé avec son  frère S.

Plus âgés de 10 ans en septembre 1999 suite à l’hospitalisation de leur mère

atteinte d’un cancer généralisé.

La maman de ces deux enfants ne pouvait plus assumer l’éducation de ses deux

fils et depuis plusieurs mois ceux ci présentaient une carence éducative et

affective grave qui a amené les services sociaux à placer les enfants alors que la

mère y était opposée.

La brigade des mineurs a alors « kidnappé » ces deux enfants et nous les a amenés en nous prévenant de leur arrivée 45 minutes plutôt.

M. s’est retrouvé dans un lieu qui lui était totalement inconnu avec comme unique repère son frère aîné.

J’ai alors pu observer avec l’équipe d’éducateurs une très grande souffrance de cet enfant complètement inhibé et muet.

Cette violence de séparation qu’avait subi M. et son frère S. avait produit chez le plus petit une très grande anxiété qui d’ailleurs l’empêchait de s’alimenter et nous obligeait à le mettre dans la même chambre que son frère.

Pour pouvoir faire face au choc du quotidien du foyer, seul S. pouvait aider son petit frère dans les différents moments de la journée (lever, habillage, repas,…).

 

M. pleurait très souvent de cette séparation brutale non préparée, particulièrement lorsqu’il était fatigué.

Par moment M. refusait de manger même en présence de son frère, ce qui nous a très inquiétés.

Le père, après quelques jours de placement, est venu rendre visite à ses fils et a apporté quelques objets personnels de ses enfants (biberons de M., jouets, livres… et des sucreries diverses).

 

Nous avons constaté que M. n’avait du être que très peu stimulé pendant sa toute petite enfance. Son frère S. a pu nous dire que sa maman étant malade depuis deux ou trois ans, ne pouvait pas trop s’occuper de S. et qu’il restait souvent seul et un peu à l’écart à la maison.

 

Au début octobre 1999, nous avons eu à accueillir un enfant de 4 ans et demi et une enfant de 6 ans.

Malgré nos efforts pour organiser des jeux en commun avec M. et les autres enfants du même âge, rien n’y faisait M. restait dans un mutisme et un renfermement inquiétant.

 

Je ne vais pas m’enfermer dans une étude psychopathologique de M. mais plutôt m’ouvrir sur l’idée que l’institution fonctionne de façon globale. C’est à l’enfant de s’adapter à l’institution et non le contraire, par conséquent quelque soit le handicap de l’enfant celui-ci devra faire avec.

 

Pendant les vacances de la Toussaint, nous avons organisé un camp et nous avons choisi d’emmener M. et S. pendant une  semaine en Auvergne.

Au début de ce séjour, encore un lieu différent et encore angoissant, M. a eu les mêmes comportements patibulaires (pleurs, énurésie, encoprésie, obligation d’être avec son grand frère pour vivre….).

Ma collègue s’est alors chargée de s’occuper plus particulièrement de M. lors des soins quotidiens.

 

Cette prise en charge plus individualisée et assez progressive a permis à M de devenir de moins en moins angoissé et plus sécurisé.

Les pleurs devenaient moins réguliers et M. commençait à se détendre car nous pouvions observer quelques sourires.

Son mutisme devenait lui aussi moins important car peu à peu nous avons pu alors entendre le son de sa voix. M. sortait progressivement de son renfermement protecteur dans lequel il se maintenait.

Après le retour au foyer et quelques semaines plus tard, M. a commencé à s’installer un peu plus et à trouver ses repères. Il arrivait plus facilement à supporter la séparation d’avec son frère de façon plus importante et commençait à participer à quelques activités ou ateliers proposés sans obligatoirement la présence de son grand frère.

Son évolution et son adaptation (au foyer) progressivement au foyer se faisaient sentir.

 

En janvier 2000, M. progressant de mieux en mieux seul, a été séparé de son grand frère qui était au deuxième étage pour aller au premier étage.

Malgré un certain désaccord d’une partie de l’équipe nous avons décidé de maintenir cette séparation qui devait permettre à M. de continuer à progresser dans son autonomie mais aussi permettre à S. de souffler un peu.

 

A l’heure actuelle, M. continue à évoluer, il a fait la demande d’aller avec un autre camarade de chambre, à la piscine (club de natation de la ville  le mardi soir de 17h à 18h).

L’évolution de M. est donc satisfaisante.

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