Phil La Marmotte 

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C/ CONCLUSION :

Les mesures pour la protection de l’enfance entraînent des séparations de l’enfant avec sa famille souvent dans l’urgence et les conséquences en sont parfois dramatiques.

En fonction de l’âge de l’enfant, de ce qu’il comprend à son placement, cela peut être ressenti de façon traumatisante.

 

Parfois malgré la dysparentalité, l’urgence ne s’impose à mon sens pas à chaque fois  (le cas M. et S. en est un exemple).

En effet,  il arrive qu’il n’y ait pas de danger immédiat et qu’il y ait  possibilité de mettre en oeuvre une préparation au placement si celui-ci est indispensable.

 

En effet, l’enfant placé se retrouve projeté dans un milieu qui lui est totalement inconnu et qui fait une rupture déstabilisante avec son milieu initial.

On voit dans le cas M. combien il est important de donner un sens à cette séparation.

 

Bien sûr dans certains cas le danger fait qu’il y a nécessité de protéger l’enfant mais la précipitation qui en résulte ne peut pas se justifier et s’expliquer seulement qu’à partir des réalités objectives qui se présentent.

Nos images et nos besoins de compensation (parentale idéale, sans doute brisée et refoulée dans notre inconscient lorsque nous sommes confrontés à des cas de « parents maltraitants et d’enfants meurtris ») sont  réactivés et lorsqu’il s’agit de protéger l’enfant contre « ses mauvais parents », il faut reconsidérer notre approche et notre analyse de notre démarche « de prise en charge ».

 

Les enfants placés en urgence sont porteurs de symptômes et ces enfants s’expriment à travers eux.

La répétition, les passages à l’acte violents, les dépressions etc… sont générateurs d’angoisse et questionnent chacun de nous au plus profond de notre être.

C’est en permettant  la circulation de la parole dans l’institution que l’on  peut écouter  la souffrance  de l’autre et lui donner un sens concret.

 

Une relation d’aide structurante et d’accompagnement peuvent  permettre à l’enfant de trouver au foyer, un espace transitionnel assez solide afin qu’il puisse y construire son projet d’avenir.

Pour cela il faudra, à travers la prise en charge quotidienne, que celui-ci connaisse les raisons de son placement (qu’elles lui soient parlées au foyer ou dans un autre espace), afin qu’il puisse être à la recherche, puis découvrir le sens de son histoire, pour qu’il devienne acteur de sa vie.

Si cela est possible, il exprimera alors son désir. De ce fait, le projet de séparation devient constructif, car ce n’est plus une rupture de liens faite dans l’urgence, mais plutôt dans une  séparation qui lui permet de continuer de  construire son processus d’individuation. Je pense que les cas présentés plus haut confirment ma conclusion.

 

En termes de situation sociale, l’urgence donne droit à prendre une décision, en s’adressant à l’autre, à l’enfant et sa famille.

Michel Soulé et d’autres auteurs, pensent et dénoncent dans les pratiques de protection de l’enfance, les violences institutionnelles et les arrachements qui avaient comme simple finalité le maintien de l’ordre moral bien plus que l’intérêt de l’enfant.

 

Je crois au vue et à l’expérience que j’ai pu avoir que dans certains cas cette idée m’a traversé l’esprit à plusieurs reprises.

En effet, dans les cas Ch., M. et S. et d’autres cas que j’ai pu observer, l’intérêt de l’enfant ne semble pas être pris en compte directement.

Une certaine violence institutionnelle peut être observée sans que je puisse dire si cela est volontaire ou non.

Lorsque nous respectons le cadre fixé dans le projet d’établissement (effectif d’enfants, type d’enfants accueillis (pas de pathologie psychiatrique lourde), effectifs du personnel…), le fonctionnement est possible et le travail positif.

Dés lors que le non-respect de ce tableau des charges de fonctionnement est dépassé, notre action éducative s’en ressent et par conséquent les enfants sont victimes d’un système qui ne tient pas compte d’eux qui sont pourtant au premier plan.

 

En tant qu’éducateur, j’agis non pas pour que l’ordre soit rétabli, pour moi cela est secondaire et ne m’importe pas vraiment, j’agis professionnellement en accompagnant et aidant le jeune afin qu’il puisse retrouver sa place et une place autant que « je » et donc en tant que « sujet ».

Les retombées de notre travail vont effectivement dans le sens de Michel Soulé, c’est à dire vers un rétablissement de l’ordre social mais encore faut-il que l’état s’en donne les moyens dans certains cas.

Faut  il parler de notre pratique et résister aux institutions dans certains cas pour que l’enfant dont il s’agit retrouve sa place de sujet.

 

Comme le dit très bien Geneviève Appell, les projets d’établissement sont souvent bien pensés et permettent un fonctionnement et une prise en charge des jeunes efficaces.

Mais pour cela, il faut en payer le prix, puisqu’il s’agit de cela.

 

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